À Nous Deux Maintenant
D’après le roman Un crime de Georges Bernanos
Conception, adaptation et mise en scène Jonathan Capdevielle
Création le 6 novembre 2017
au QUAI CDN Angers Pays de la Loire
GÉNÉRIQUE
CONCEPTION, ADAPTATION ET MISE EN SCÈNE
Jonathan Capdevielle
INTERPRÉTATION
Clémentine Baert, Jonathan Capdevielle, Dimitri Doré, Jonathan Drillet, Arthur B. Gillette (EN ALTERNANCE AVEC Jennifer Eliz Hutt), Michèle Gurtner
CONSEILLER ARTISTIQUE – ASSISTANT À LA MISE EN SCÈNE
Jonathan Drillet
CONCEPTION ET RÉALISATION DE LA SCÉNOGRAPHIE
Nadia Lauro
CONSTRUCTION SCÉNOGRAPHIQUE
Les ateliers de Nanterre-Amandiers – Marie Maresca, Michel Arnould, Gabriel Baca, Théodore Bailly, Mickaël Leblond
CRÉATION LUMIÈRES Patrick Riou
ASSISTÉ DE David Goualou
CRÉATION SONORE ET MUSICALE
Vanessa Court, Arthur B. Gillette, Jennifer Hutt, Manuel Poletti
COMPOSITION MUSICALE Arthur B. Gillette
RÉGIE SON Vanessa Court
COLLABORATION INFORMATIQUE MUSICALE IRCAM Manuel Poletti
SYNTHÉTISEUR MODULAIRE RAY IMAGINÉ ET CONSTRUIT PAR
Benoit Guivarc’h
AVEC LES CIRCUITS DE Ray Wilson
COSTUMES Colombe Lauriot Prévost
RÉGIE GÉNÉRALE Jérôme Masson
REGARD EXTERIEUR Virginie Hammel
PRODUCTION, DIFFUSION, ADMINISTRATION
Fabrik Cassiopée – Isabelle Morel, Manon Crochemore & Manon Joly
REMERCIEMENTS
Safia Benhaim, Marie Etchegoyen, Lundja Gillette, Laurence Viallet
PRODUCTION
Production déléguée Association Poppydog
Coproduction Le Quai CDN Angers Pays de la Loire / Nanterre – Amandiers, CDN (FR) / Festival d’Automne à Paris (FR) / CDN Orléans (FR) / manège, scène nationale-reims (FR) / Théâtre Garonne, scène européenne Toulouse (FR) / Arsenic – Centre d’art scénique contemporain, Lausanne (CH) / Le Parvis scène nationale Tarbes Pyrénées (FR) / Ircam – Centre Pompidou (FR)
Avec le soutien de King’s Fountain
Avec l’aide du CND – Pantin, de la Villette – Résidence d’artistes 2016, du Quartz, scène nationale de Brest, et de Montévidéo, Créations Contemporaines – Atelier de Fabrique Artistique.
HISTORIQUE
NOVEMBRE 2017 Le Quai CDN Angers Pays de la Loire (FR)
DÉCEMBRE 2017 Nanterre- Amandiers CDN – Nanterre (FR)
DÉCEMBRE 2017 CDN Orléans (FR)
JANVIER 2018 Théâtre La Vignette, scène conventionnée – Montpellier (FR)
FÉVRIER 2018 Théâtre Garonne, scène européenne – Toulouse (FR)
MARS 2018 Arsenic, Centre d’art scénique contemporain – Lausanne (CH)
AVRIL 2018 Le manège, scène nationale de Reims, co-accueil avec la Comédie de Reims (FR)
MAI 2018 Kunsten festival des arts – Bruxelles (BE)
MAI 2018 Le Quai CDN Angers Pays de la Loire (FR)
OCTOBRE 2018 Le Liberté, scène nationale de Toulon (FR)
JANVIER 2019 Théâtre de Lorient, Centre dramatique national (FR)
Galerie : © Nadia Lauro, © Pierre Grosbois
Visuel de fond : © Nadia Lauro, Graphisme : Grégoire Gitton
En 2008, j’ai participé en tant qu’interprète à une fiction radiophonique de France Culture, réalisée par Jean Couturier. Il s’agissait d’une adaptation du roman policier « Un Crime », de Georges Bernanos. J’interprétais alors le rôle du curé de Mégère. A l’époque, j’avais été très frappé par cette œuvre singulière qui traite avec humour noir et émotion la question de l’identité et de la condition humaine.
Je suis natif des Pyrénées, près de Lourdes. J’ai passé mon enfance et mon adolescence dans un village de province. Je me suis frotté dès le plus jeune âge à ces personnages parfois emblématiques de la campagne, à leur franc-parler, à leurs traditions. Enfant, je garde le souvenir d’avoir été fasciné par la figure impénétrable du prêtre, que j’observais à l’occasion des mariages et des enterrements ou lorsqu’ils déambulaient en nombre dans les rues de Lourdes durant les pèlerinages du mois d’août. J’ai encore en moi ces atmosphères, ces images ; ce rapport tendre et difficile à l’arrière pays résonne dans mon travail qui s’articule autour de l’auto-fiction.
Georges Bernanos décortique avec minutie le caractère particulier de ces territoires isolés et la personnalité de ces villageois. C’est un personnage atypique qui est au centre de l’intrigue, une femme à la mission mortifère qui se cache sous l’habit de dieu et qui agit aux antipodes des principes et des valeurs que prône la religion catholique. L’auteur diffuse sa pensée par la voix du narrateur et celle des différents personnages qui gravitent autour du curé. Quitte à le perdre, il laisse le lecteur libre de mener l’enquête aussi complexe et impossible soit-elle.
Le curé de Mégère, interprété par cette femme, exerce un étrange pouvoir de séduction et de persuasion provoquant ainsi une sorte de chaos dans une organisation aux apparences solides. Les histoires personnelles et les failles de chacun des protagonistes sont révélées et leurs sentiments exacerbés. Je pense par exemple à ce jeune orphelin qui se prend d’affection pour la figure ambigüe de l’adulte travesti et entretient avec lui une relation tendre et cruelle, une confiance presque maternelle qui le pousse à agir dangereusement.
En manipulant la symbolique religieuse et ses icônes, Georges Bernanos invente une enquête policière originale qui manie l’étrangeté, le fantasme et l’effroi tout en préservant un cadre complexe dans lequel les sentiments humains restent ancrés dans le réel.
Je souhaite mettre en scène le jeu de rôle de cette jeune femme travestie à la personnalité trouble et attachante. Une Héroïne tragique qui tire les fils d’un scénario empirique et qui provoque chez les autres la confusion des sentiments.
Je souhaite que les acteurs naviguent dans ce labyrinthe « Bernanosien » en travaillant sur la multiplication des rôles joués et les différentes qualités d’interprétation du texte, qui oscillerai entre réalisme et exaltation. J’aime que les personnages soient par moment traversés par des chocs émotionnels intenses et que la frontière entre la réalité, le rêve ou le cauchemar devienne ténue. Je travaillerai également sur le corps et le mouvement des interprètes au plateau. Georges Bernanos décrit très bien cette énergie physique qui caractérise chacun des personnages du roman.
Bien qu’écrit en 1935, ce roman qui flirte avec le fantastique, déploie des thématiques et des tabous intemporels, qui aujourd’hui encore peuvent poser des questionnements profonds dans le cadre du spectacle vivant.
A mon sens, « Un crime » porte un discours à la fois intime et universel et interroge la religion de manière originale. L’ambivalence et l’homosexualité sous-entendues créent le trouble, et l’habit ici ne fait pas le moine. L’auteur nous invite à emprunter des chemins de réflexions de plus en plus troublants, à sortir des sentiers battus de la morale chrétienne. En interrogeant le fonctionnement des différents pouvoirs, le roman met en exergue les préjugés coriaces d’une société contemporaine qui veut tendre vers une certaine normalité.
Il me paraît important de restituer les différents lieux où se déroule l’action, les espaces du dedans et du dehors. Ils agissent sur l’intensité des scènes qui se jouent dans le sens ou ils conditionnent le comportement, l’état physique et mental des personnages. La chambre est souvent le lieu de l’intime, de la confession, de la réflexion, du rêve, du cauchemar, de la maladie et de la mort.
Les lieux extérieurs, comme la campagne, représentent une sorte d’échappée sauvage, dont le climat qui oscille entre mauvais temps, orages et éclaircies, accentue la couleur sombre et romantique des situations et des drames qui se jouent. A la différence du huis clos, la nature a cette capacité à favoriser l’introspection. Afin de révéler les scènes extérieures, je veux créer un mouvement entre celles jouées au plateau et leur continuité hors champs.
Pour mettre en scène ces différents espaces, une scénographie sera créée par la plasticienne Nadia Lauro. Par ailleurs, un travail conséquent sur le son et la lumière sera mis en œuvre afin que le public puisse visualiser le dedans ou s’imaginer le dehors et par un effet de zoom, être le témoin privilégié de l’intimité des personnages.
Jonathan Capdevielle (Avril 2016)