DAINAS
(pron. daïnas)
Texte Jonathan Capdevielle & Dimitri Doré
Mise en scène Jonathan Capdevielle
Création 2025
GÉNÉRIQUE
TEXTE
Jonathan Capdevielle & Dimitri Doré
MISE EN SCÈNE
Jonathan Capdevielle
ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE
Jade Maignan
AVEC
Dimitri Doré
MUSIQUE ORIGINALE
Jennifer Hutt
CRÉATION SONORE
Vanessa Court
LUMIÈRE
Bruno Faucher
COSTUMES
En cours
RÉGIE GÉNÉRALE
Jérôme Masson & Léa Bonhomme
PRODUCTION, DIFFUSION, ADMINISTRATION
Fabrik Cassiopée – Manon Crochemore, Mathilde Lalanne et Isabelle Morel
PRODUCTION
Production déléguée Association Poppydog
Coproduction (en cours) : T2G, centre dramatique national de Gennevilliers (FR), Nouveau Théâtre de Besançon Centre dramatique national (FR), Théâtre Saint Gervais – Genève (CH), L’Arsenic – Lausanne (CH), Les Quiconces L’Espal Scène nationale du Mans (FR)
Avec le soutien de King’s Fountain
Jonathan Capdevielle est artiste associé au T2G Théâtre de Gennevilliers
L’association Poppydog est soutenue et accompagnée par la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France – ministère de la Culture, au titre du conventionnement.
Photo : © Victoria Vinas
Visuel de fond : © Victoria Vinas. Graphisme : Grégoire Gitton
« La vie d’une personne n’est pas ce qui lui est arrivé.
Mais ce dont elle se souvient et la façon dont elle s’en souvient. »
Gabriel Garcia Màrquez, Vivre pour la raconter (2002)
Je suis né à Jelgava en Lettonie et j’ai été adopté à dix-huit mois par une famille de Reims. Même si j’ai toujours été poussé à découvrir mes origines, la culture lettone n’a pas vraiment influencé la construction de mon identité. À travers ce spectacle, je voudrais explorer cet héritage fantasmé, revenir sur l’histoire de mon adoption, et ainsi traverser des thèmes comme la famille et la quête de soi.
« DAINAS (pron. daïnas) » est une œuvre autofictionnelle co-écrite et mise en scène par Jonathan Capdevielle. En 2017, j’ai rencontré ce metteur en scène et comédien. J’ai commencé à explorer son théâtre en tant qu’interprète à travers ses pièces, autobiographiques et pluridisciplinaires. Au fil des ans, j’ai travaillé avec lui et d’autres metteur.es en scène ainsi qu’avec des réalisateur.rices de cinéma. Aujourd’hui, tout en continuant mon travail d’acteur, je ressens le besoin de me consacrer à la création d’un spectacle en solo.
La collaboration à l’écriture de cette pièce avec Jonathan Capdevielle, permet d’avoir un autre regard sur les matériaux et de prendre du recul sur mon histoire personnelle. Le travail de ce metteur en scène se focalise notamment sur le langage dissocié des voix et du corps et je souhaite approfondir cette forme au plateau. Pour la nourrir, le texte sera constitué d’une base qui associe mes souvenirs personnels, mes rêves et mes obsessions sur une période allant de l’enfance à l’adolescence. À partir de ce matériel brut, nous réécrivons des scènes pour en accentuer la fiction et laisser place à l’imaginaire. L’imitation, qui a rapidement été pour moi une échappatoire et un mécanisme de protection, ainsi que la danse, langage universel transcendant les barrières culturelles et linguistiques, joueront un rôle central dans la pièce, me permettant de me réapproprier mon histoire et mes racines.
Nous avons entamé le travail en juin 2024 par un voyage en Lettonie pour explorer la culture de mon pays d’origine. À Kuldiga, nous avons assisté à la « Ligo Diena » (journée de l’herbe), qui se célèbre lors du solstice d’été. Cette fête représente pour moi l’identité lettone. Elle constitue un pont entre l’intime et le collectif. Cérémonie ancestrale, riche en textes, chants, danses et rituels, elle se déroule à un moment où la nature s’éveille. Les communautés se rassemblent autour de feux de joie, partageant des histoires et des traditions qui se transmettent de génération en génération. Les participants, vêtus de costumes folkloriques, s’unissent dans une danse joyeuse, symbolisant l’harmonie entre l’homme et la nature. À travers cette célébration, les lettons honorent leurs ancêtres tout en renforçant les liens sociaux, créant ainsi un espace dans lequel l’individu et le groupe se rejoignent dans une expérience commune. Après cette expérience intense en Lettonie, nous nous sommes intéressés aux textes incarnés par la maîtresse de cérémonie du Ligo, et nous avons ainsi découvert les DAINAS, poèmes populaires lettons. Ils parlent d’amour, de chagrin et de la mémoire des ancêtres, rendant ainsi hommage à une tradition orale ancienne. Ils seront très présents dans la construction du récit.
« DAINAS (pron. daïnas) » se concentre sur Oleg, un personnage viking qui représente les premiers habitants de la Lettonie. En plaçant ce protagoniste au cœur du spectacle, nous plongeons dans un univers où légende et réalité s’entrelacent, tout en tissant le récit de ma famille adoptive et le lien profond qui me relie à mon héritage. Oleg, qui porte également le prénom de mon père biologique, incarne un héros mythique capable de naviguer à travers diverses époques, cultures, et civilisations. Il explorera ainsi des mondes symbolisant des états d’esprit ou des réalités intérieures. Le viking pourrait symboliser le voyage que chacun d’entre nous entreprend pour surmonter des obstacles personnels, explorer ses propres peurs et aspirations. Le personnage d’Oleg transcende l’image du simple guerrier pour se transformer en un symbole de quête et de métamorphose. À travers lui, j’évoque l’histoire et la culture lettonnes, tout en partageant mon propre rapport à ma famille adoptive. Oleg ne sera pas le seul à incarner la culture lettone dans ce spectacle. Une cigogne, par exemple, jouera le rôle de gardienne des mythes et de narratrice des destins. Elle ouvrira la pièce, symbolisant la bonté et le renouveau, des valeurs chères aux pays baltes. Cet oiseau créera un lien entre le réel et le fantastique, illustrant les cycles de la vie ainsi que les migrations des peuples.
L’espace sera traversé par des fils tendu à différentes hauteurs, sur lesquels seront accrochés des draps qui sèchent. Ces draps, symboles de la vie quotidienne, représentent également les couches de mémoire et d’histoire qui composent notre identité. Cet espace scénique devient un terrain de jeu pour Oleg. En jonglant entre encombrement et désencombrement, il révèle et cache derrière les draps des objets significatifs de mon passé, tels que des souvenirs d’enfance, des lettres anciennes ou des objets personnels. Métaphore sur la façon dont nous gérons notre propre histoire entre exposition et dissimulation.
Dimitri Doré.
En tant que metteur en scène, je trouve l’exercice du solo à la fois risqué et passionnant. C’est un endroit de représentation dans lequel le savoir-faire et la virtuosité de l’interprète cohabitent aussi avec sa fragilité et sa sensibilité, tout en aspirant à incarner un discours « universel ». Ce juste équilibre est pour moi essentiel, et permet d’éviter l’écueil de l’exercice de style, démonstratif et sans générosité. Cette problématique se pose d’autant plus quand il s’agit d’autofiction. Comment capter le public avec sa propre histoire ? Qu’est ce qui fait que la frontière entre la réalité et la fiction devient poreuse et que l’imaginaire du spectateur s’active ? De mon expérience, la forme dans laquelle et avec laquelle circule le contenu est centrale. Je pense à l’art du clown que Dimitri affectionne. Issu de la culture populaire, il est souvent considéré comme un art en désuétude. Pourtant, le prisme par lequel le Clown s’exprime est assez riche. Drôle, décalé, triste ou poétique il reste ancré dans le présent et peut tout jouer. Le corps est aussi son enveloppe d’expression et d’émotion. Le clown est une entrée possible pour réinterpréter les « héros de son enfance ». Dans sa forme la pièce tendra vers « l’arte povera ». Par exemple, les objets du quotidien pourront être détournés de leur fonction première pour être exploités différemment et investis d’une nouvelle symbolique. L’art pauvre procède à une mise à nu de l’œuvre dans sa matérialité même. Le dispositif scénographique ira dans ce sens avec des éléments simples à manipuler et mis en scène par le personnage. Comme dans un tableau qu’il peint à son image, le personnage pourra muter et laisser libre court à des transformations multiples.
Dans ce projet, il y a cette part manquante, étrangère, qu’il faut aller trouver et qui peut créer un choc des cultures intéressant. Le processus de création contiendra une part conséquente d’écriture au plateau et aussi de matériaux empruntés à la littérature, à l’histoire et à la géographie. Dans la quête de son identité Lettone, Dimitri Doré va être confronté à ce qu’il ne connait pas de lui, de ses racines. En tant que jeune artiste, il sera le réceptacle d’un passé inconnu de lui, une matière brute avec laquelle il devra cohabiter au plateau. Je travaille avec Dimitri Doré depuis 7 ans, je connais ses qualités, je sais qu’il est un interprète d’exception. Je souhaite convoquer chez lui sa capacité à se métamorphoser, à incarner la multitude. Dans une forme pluridisciplinaire nourrie par le chant, la danse, la marionnette que j’affectionne, nous travaillerons progressivement à faire que son histoire devienne des histoires, qui le racontent et nous racontent.
Février 2024
Jonathan Capdevielle